« Pour aller vers le monde il faut partir de chez soi », avait dit un grand homme ! J’estime aussi que l’unique et seul chemin vers la liberté démarre de la Kabylie avec les kabyles.
Le triomphalisme tapageur et surtout puéril de certains tendant à croire et à faire croire (à dessein ?) que les kabyles sont acquis à l’idée de l’indépendance est dangereux dans la mesure où celui-ci dispense de la nécessité de continuer à faire le travail de sensibilisation et de pédagogie nécessaires pour parvenir à la victoire finale. Cette attitude interdit aussi toute remise en cause du parcours et des décisions prises ces dernières années. Nous avons eu des victoires retentissantes, certes, mais aussi nous avons eu des échecs cuisants. Pour aller de l’avant, il est impératif de faire le bilan des actions accomplies et des étapes que nous avons franchi.
Notre principale victoire et non des moindres est d’avoir réussi en l’espace d’une dizaine d’années à faire ressurgir le nationalisme kabyle, sacrifié par nos ainés pour que naisse le nationalisme algérien. Durant cette période les kabyles prennent conscience qu’ils sont un peuple, et qu’en tant que tel ils sont menacés de disparition par les différents coups de buttoirs que la Kabylie ne cesse de subir. Prisonnier des mythes qu’il a lui-même fabriqué, l’Algerianisme et de son dérivé le berbérisme. Le peuple Kabyle bien que conscient qu’il lui faille un Etat, il ne nous fait pas suffisamment confiance. Ce n’est pas avec des slogans creux, des effets d’annonces, des promesses sans lendemains que nous allons mériter sa confiance.
Pour y parvenir, Il faut vivre sa vie, partager ses rêves et ses souffrances, partager ses doutes et y répondre. Il faut être son porte-voix, son avocat et son défenseur de tous les jours. Si un kabyle se retrouve victime d’atteinte à son intégrité physique ou morale ; s’il est spolié dans ses droits…. Il est de notre devoir de le défendre et de le soutenir de lui rendre justice et de le réconforter. Aucun crime contre le kabyle ne devrait rester impuni. Jusqu’à présent, nous donnons l’impression que nous ne soucions guère du quotidien du kabyle : de ses salariés, de ses chômeurs, des étudiants, des femmes, des vieux ou de ses enfant…. Nous semblons ignorer que le combat pour la Kabylie est un combat de tous les jours, un combat qui est aussi social et économique. La question kabyle n’est pas seulement une question politique ! Le peuple Kabyle doit sentir qu’il pourrait compter sur nous !
Cessons aussi de minorer le kabyle, et de lui créer de faux dieux et de faux prophètes ! Les kabyles sont un vieux peuple, peut-être n’avaient-ils, jamais, constitué un Etat au sens où en l’entend aujourd’hui. Affirmation discutable, sachant que tous ce qui ont eu a écrire sur la Kabylie furent avant tous ses vainqueurs, leur rôle naturel – dirais-je– est justement de l’avilir. Les kabyles, depuis des siècles, ont leurs codes, leurs tabous, un système de pensées et de valeurs propre à eux. Ignorer ces règles, c’est méconnaitre Taqbaylit. Et si nous ne maitrisons pas les codes de la Kabylité ou pire les ignorons, nous ne saurons prétendre être à l’avant garde de notre peuple. Pour l’instant bon nombres d’entre nous montrent une ignorance criarde de ce qu’être kabyle.
Ecoutons les kabyles, redevenons kabyles ! et c’est à partir de là que le peuple nous suivra et que l’indépendance serait à portée de main ! Autrement, les kabyles que nous prétendons défendre, nous, laisseront gesticuler jusqu’au jour où nous cesserons de les amuser, ils n’hésiteront pas alors à nous tourner le dos. Ils préféreront se cramponner aux mythes aveuglants, mais obnubilant, du berbérisme ou aux chimères assassines, mais envoutantes, de l’Algerianisme. Nous seuls assumerons les conséquences !
Amnay at Sedqa