On ne lutte pas contre un système en reproduisant ses méthodes, on ne lutte pas contre l’exclusion en pratiquant l’exclusion, on ne défend pas la démocratie en déniant aux autres le droit d’exister.
Il y a eu lors des manifestations du vendredi des individus qui se sont senti pousser des « ailes révolutionnaires » pour tenter de chasser des jeunes kabyles parce qu’ils étaient indépendantistes.
D’autres, sur les réseaux sociaux, sortent de 20 ans de mutisme, et en vertu d’une soudaine « unité nationale » qui ne s’est jamais exprimée en leur faveur, se sentent en droit d’apostropher des jeunes militants qui, à leur détriments, luttent depuis des années sur le terrain de la spoliation et de l’injustice.
Ces jeunes ont consacré leur jeunesse et leur énergie pour défendre ce qu’ils croient être le mieux pour la Kabylie. Non seulement c’est leur droit le plus absolu, mais bien des périodes sombres de notre histoire les fondent à le penser.
Au nom de quelle démocratie, au nom de quel respect du droit à la différence d’opinion des jeunes kabyles sont-ils interdit de parole ?
Où étaient-ils ces nouveaux révolutionnaire gonflés d’un nationalisme qui les méprise au quotidien et leur déni le droit d’exister quand ces jeunes kabyles se faisaient tabasser par la police algérienne ? Où étaient-ils quand des jeunes ont été mis en prison pour avoir exprimé une opinion ou, justement, pour avoir dénoncé ce système qu’ils appellent aujourd’hui à dégager ? Où étaient-ils quand des jeunes ont été spoliés de leurs biens, de leur travail, de leur gagne-pain ?
Le système doit d’abord et avant tout dégager des mentalités pour espérer être dégagé du pouvoir algérien.
Ces jeunes indépendantistes ne sont pas « le système », s’en prennent à eux, c’est prolonger et incruster le système au sein de la société.
On ne dégage pas un système discriminatoire en reprenant à son compte ses méthodes, sinon on ne fait que se l’approprier et le retourner contre les siens.
Non, ces jeunes ne sont pas » le système », c’est les désigner à la vindicte qui est précisément le système…
Et puis, franchement, ces jeunes n’ont pas de leçon d’engagement et de militantisme à recevoir de personnes qui ont attendu 20 ans pour oser s’exprimer contre un « énième » mandat de Bouteflika. Ces jeunes justement l’ont fait bien avant eux et sans bénéficier de la protection d’une joyeuse manifestation nationale, d’une médiatisation internationale…parce qu’en ces temps-là, on était bien loin du « Khawa Khawa ».
Yasmina Oubouzar